C. Plinius Secundus Maior

(Italus eruditus, 23-79 p.C.n.)

Naturalis Historia, liber III (30) et IV (31-33)

[ Francogallica conversio / traduction française ]

[ Commentarium / commentaire ]

 

III

30.(…) Pyrenaei montes Hispanias Galliasque disterminant promunturiis in duo diversa maria proiectis.

IV

31. Narbonensis provincia appellatur pars Galliarum quae interno mari adluitur, Bracata antea dicta, amne Varo ab Italia discreta Alpiumque vel saluberrimis Romano imperio iugis, a reliqua vero Gallia latere septentrionali montibus Cebenna et Iuribus, agrorum cultu, virorum morumque dignatione, amplitudine opum nulli provinciarum postferenda breviterque Italia verius quam provincia.

32. In ora regio Sordonum intusque Consuaranorum, flumina Tecum, Vernodubrum, oppida Illiberis, magnae quondam urbis tenue vestigium, Ruscino Latinorum, flumen Atax, e Pyrenaeo Rubrensem permeans lacum, Narbo Martius Decumanorum colonia XII p. a mari distans…

 

Francogallica conversio / traduction française :

III

30. Les montagnes des Pyrénées marquent la frontière entre les Hispanies et les Gaules en formant une chaîne dont les extrémités atteignent les deux mers qui sont d'un côté et de l'autre.

IV

31. On appelle Province Narbonnaise la partie des Gaules qui est baignée par la Méditerranée – on l'appelait auparavant la Province Gauloise (ad verbum : qui porte des braies). Elle est séparée : de l'Italie par la rivière du Var et les chaînes des Alpes qui sont sans doute les barrières les plus salutaires pour l'Empire romain ; du reste de la Gaule par la limite septentrionale que forment les monts Cévennes et ceux du Jura. Elle n'est comparable à aucune autre province du point de vue agricole, du point de vue de sa population et de ses mœurs honorables, du point de vue de ses grandes richesses ; en un mot, c'est l'Italie plus encore qu'une province.

32. Sur le littoral on trouve la région des Sordons ; vers l'intérieur, celle des Consuarans ; des fleuves : le Tech et le Verdouble ; des cités fortifiées : Illibéris [Elne], modeste vestige d'une ville qui fut grande autrefois, Ruscino des Latins ; la rivière de l'Aude, qui descend des Pyrénées et alimente le lac de Sigean ; Narbonne, la colonie des soldats de la 10ème légion, qui est à 12000 pas (17,75 kilomètres) de la mer…

(Conversio O.Rimbault)

 

Commentarium / commentaire :

C.Plinii maioris descriptio brevior confusiorque est quam Pomponii Mela : nam Telem vel potius Tetem rivum (vulgo la Têt) ignorat et "Vernodubrum" nomine affluentis appellat id flumen quod hodie "Agly" vocatur, fortasse vero Sordus amnis apud F.Avienum. Praeterea mentionem facit "Consuaranorum" qui quamdam Aregiae (vulgo Ariège) vallem habitabant. Tamen, eisdem fontibus utitur ac Pomponius Mela nisi Pomponio ipso Hispano, ut patefaciunt eadem verba in Illiberis descriptione adhibita : "magnae quondam urbis tenue vestigium". Sed C.Plinius, incepti operis sui amplitudine, celerius currente calamo, ut ita dicam, regionem nostram a se numquam videlicet visitatam describit.

La description de Pline l'Ancien est plus courte et moins claire que celle de Pomponius Méla : par exemple, il ne connaît pas la rivière de la Têt (Telis ou plutôt Tetis) et appelle Vernodubrum du nom de son affluent ce cours d'eau qu'on appelle aujourd'hui l'Agly, peut-être la rivière Sordus chez Avienus.

En outre Pline mentionne les Consuarani (Consuarans) qui habitaient une vallée de l'Ariège. Cependant, il utilise les mêmes sources que Pomponius Méla, si ce n'est pas l'Espagnol Pomponius Méla lui-même, comme le montrent bien les mots identiques qu'il utilise dans la description d'Elne : "modeste vestige d'une ville qui fut grande autrefois". Mais Pline, à cause de l'ampleur de son œuvre, décrit notre région d'une plume qui "court plus vite", comme on dit en latin ; et c'est une région qu'il n'a jamais visitée, selon toute vraisemblance.

 

(Bibliographia : Le Pays Catalan, t.I, p.75, sous la direction de Jean Sagnes, de l'Université de Perpignan, avec J.Abelanet, E.Frenay, A.Marcet-Juncosa, P.Ponsich, 1983)