IV. MANDANDI AC POLLICENDI

FORMULES DE DEMANDES ET D'OFFRES DE SERVICES

Mandandi formulae. – Formules de demandes de services.

IACOBUS,  SAPIDUS.

Ia.   Quaeso, ut haec res tibi cordi sit. Etiam atque etiam rogo, ut hoc negotium tibi sit curae. [...] Si me amas, causam hanc tractabis diligenter. Hac in re quaeso, ut advigiles. Curabis hanc rem mea causa diligenter. Si vere is es, quem semper esse te mihi persuasi, fac, ut sentiam hac in causa, quanti me facias.

 

Sa.   Desine; ego tibi hoc effectum reddam, et quidem propediem. Eventum praestare non possum: illud polliceor mihi nec fidem, nec studium defuturum. Curabo diligentius, quam si mea res ageretur: quamquam meam esse duco, quae sit amici. [...] Tu fac, in utramque dormias aurem: ego tibi hoc confectum dabo. Tu quietus esto, in me recipio provinciam omnem. Gaudeo mihi datam occasionem, qua declarem animum in te meum. Equidem oratione nihil polliceor, sed re praestabo, quicquid est amici sinceri et ex animo bene volentis. Nolim te lactare vana spe. Illud efficiam ut dicas, hoc negotii mandatum amico.

 

 

Je vous en prie, prenez cette affaire à cœur. Je vous demande instamment de vous préoc-cuper de cette affaire. [...] Si vous m'aimez, vous traiterez cette affaire avec soin. Je vous en prie, veillez à cela. Occupez-vous en avec soin pour l'amour de moi. Si vous êtes vraiment tel à mon égard que je m'en suis toujours persuadé, faites que je voie dans cette affaire combien vous faites cas de moi.

- Assez. Je vous rendrai ce service, et très prochai-nement. Je ne puis pas garantir le résultat, mais je vous promets que je ne manquerai ni de parole ni de zèle. Je m'en occuperai avec plus de diligence que s'il s'agissait de ma propre affaire, quoique je regarde comme mienne celle d'un ami. [...] Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles : j'arrangerai cela pour vous. Soyez sans inquiétude ; je prends sur moi toute cette charge. Je me réjouis de l'occasion qui m'est donnée de vous faire connaître mes sentiments pour vous. A la vérité, je ne promets rien en paroles, mais je ferai en réalité tout ce qui est le propre d'un ami sincère et volontiers bienveillant. Je ne voudrais pas vous abreuver d'une vaine espérance. J'agirai de telle sorte que vous puissiez dire que vous avez confié vos intérêts à un (véritable) ami.

Successus. – Formules en cas de succès.

Sa.   Res successit opinione melius. Fortuna votis utriusque favit. Si fortuna, tibi nupsisset, non potuisset esse obsequentior. Res tua et ventis et amne secundo processit. Vicit etiam vota nostra fortunae faventis afflatus. [...] . Plus impetravi, quam fuissem ausus optare. Ventis per omnia secundis hic cursus nobis peractus est. Res omnis cecidit ex sententia. Pulchre nobis cecidit haec alea. [...]

 

L'affaire a mieux tourné qu'on ne le pensait. La fortune a été favorable aux vœux de l'un et de l'autre. Si vous aviez épousé la fortune, elle ne vous aurait pas mieux obéi. Les vents et le courant ont été favorables à votre affaire. Les faveurs de la fortune ont même dépassé (ad verbum :" le vent de la bonne fortune a même vaincu…") nos vœux. [...] J'ai obtenu plus que je n'aurais osé espérer. Des vents en tout favorables nous ont conduits au port. Tout est arrivé comme nous le désirions. Nous avons eu une sacrée chance. [...]

 

Gratiarum actio. – Remerciements.

Ia.   Equidem et gratiam habeo, et habiturus sum, quoad vivam, maximam. Pro isto tuo in me officio pares agere gratias vix possum, referre nequaquam.

Video, quantum debeam tuo in me studio. Nihil miror; neque enim tu quicquam novi fecisti, et hoc magis debeo. De istoc tuo in me officio amo te, mi Sapide, ut par est, maxime.

[...]

Quod meum negotium tibi cordi fuerit, amo te, et habeo gratiam. Istoc officio gratiam inisti apud me maximam. Pergratum est, quod causam meam egeris bona fide. Ex omnibus officiis, quae tu plurima in me contulisti, hoc est longe gratissimum. [...] Istoc beneficio fateor, tibi me magnopere devinctum esse.

Hoc nomine plus tibi debeo, quam unquam solvendo esse (1) queam.

Hoc beneficio arctius me tibi devinxisti, quam ut possim dissolvere. Obligatiorem me tibi reddidisti, quam ut nomen meum e tuo diario possim unquam expungere.

[...]  

Oui, je vous en remercie et je vous devrai une reconnaissance très grande, tant que je vivrai. Pour un tel service, c'est à peine si je peux vous adresser des remerciements suffisants.

Je vois tout ce que je dois à votre zèle pour moi. Je ne m'en étonne point ; car vous n'avez rien fait d'inhabituel et je ne vous en suis que plus reconnaissant. Du service que vous m'avez ainsi rendu, je vous sais gré, mon cher Sapidus, comme c'est mon devoir, infiniment.

[...]

De ce que vous avez pris mon affaire à cœur, je vous sais gré et vous remercie. Par ce service, vous m'avez inspiré une très grande reconnaissance. Cela me fait très plaisir que vous ayez embrassé loyalement ma cause. De tous les très nombreux services que vous m'avez rendus, c'est de loin celui qui m'est le plus cher. [...] Ce bienfait, je le proclame, me lie étroitement à vous.

Je vous dois pour cette dette plus que je ne serai jamais capable de payer. (1) Locution rare avec un datif du gérondif ; cf Ernout-Thomas p.266.

Vous m'avez attaché à vous par ce bienfait avec des liens trop serrés pour que je puisse jamais les délier. Vous m'avez rendu trop obligé envers vous pour que je puisse jamais effacer mon nom de votre livre de compte.[...]

 

Responsio. Répliques aux remerciements.

Sa.   Aufer mihi ista. Maior est nostra necessitudo, quam ut vel tu mihi, vel ego tibi pro ullo officio debeam gratias agere.

Non contuli hoc in te beneficium, sed retuli. Mihi quidem abunde relatam gratiam arbitror, si gratum est, quod feci sedulo.

Non est, cur mihi gratias agas, si pro tot tuis in me beneficiis non vulgaribus hoc officioli rependi. Equidem nihil laudis mereor: ingratissimus habendus, si defuissem amico.

[...]

Videor mihi (2) beneficium accepisse, quod nostrum officium boni consulis.

Pro tantillo officio mihi tam accurate gratias agis, quasi non multo maiora tibi debeam.

Sibi bene facit, qui bene facit amico. Qui bene meretur de amico, non dat beneficium, sed foenerat.

Si ex animo probas officium in te meum, fac utare saepius. [...] 

 

Dispensez-moi de ces remerciements. Notre attachement réciproque est trop étroit pour que nous ayons à nous remercier l'un ou l'autre d'aucun service.

Je ne vous ai pas fait une grâce, je vous ai rendu un service (déjà offert). Je m'estime assurément amplement récompensé, si ce que j'ai fait de bon cœur vous a été agréable.

Il n'y a pas lieu de me remercier, si en échan-ge de toutes les bontés insignes que vous avez eues pour moi je vous ai rendu ce petit service. Non, je ne mérite aucune louange : je n'aurais été qu'un ingrat si j'avais failli aux devoirs de l'amitié. [...]

Il me semble que je suis le bénéficiaire, du moment que vous êtes satisfait de notre service. (2) Sur "(mihi) videor", cf Gram.p.133 II.

Vous me faites de bien grands remerciements pour un si petit service, comme si je ne vous en devais pas bien davantage.

Il se rend service à lui-même celui qui rend service à un ami. Celui qui rend service à un ami, il ne lui offre rien, il prête à intérêt.

Si vous approuvez de tout cœur ce que j'ai fait pour vous, mettez-moi plus souvent à contribution. [...]